Ce n’est pas la première fois : nous nous penchons sur un sujet de société bien trop vaste pour tenter d’en aborder toutes les problématiques en profondeur, tous les enjeux. Nous parlons de santé mentale, et, naturellement, de ceux qui sont en mauvaise santé mentale. Qu’est-ce que cette expression signifie de « santé mentale » ? Que nous révèlent les personnes malades sur la santé mentale de chacun d’entre nous ? sur le soin que nous pouvons prendre les uns des autres ?

Vous êtes ou vous connaissez des personnes malades

Ce collègue submergé par sa charge de travail et qui se doit d’arrêter, mais qui recommence, craque, souffre, et remonte la pente.

Cette amie bipolaire que vous saviez up, que vous saurez down, que vous ne savez surtout jamais heureuse.

Ce cousin alcoolique ou toxicomane à qui les cures ne suffisent pas, qui tombe et retombe.

Cette voisine schizophrène à qui, régulièrement, des voix reviennent sans qu’elle ne puisse les faire taire.

Et ceux que vous ne connaissez peut-être pas ou pour qui vous ne le savez pas, ceux qui ne l’assument pas ou ne le voient pas : les anxieux, les phobiques, les malades de troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les personnalités borderline, les dépressifs, les anorexiques, les boulimiques, les traumatisés.

Des étiquettes médicales aussi précises pour certains qu’abstraites pour d’autres, agglomérant des réalités très éloignées comme le fait l’étiquette si immense du « handicap ». Selon les lieux, les époques, les générations, les pathologies et les spécialités, on appelle aussi ces personnes des « fous », des « fragiles », des « malades mentaux », des « personnes handicapées psychiques » ou des « malades psychiatriques ». Voilà ceux qui sont « officiellement » en mauvaise santé mentale.

Cette revue parle aussi de ceux qui ne le sont pas ou pas encore, ne le savent pas, ou ne pensent pas pouvoir le devenir. Nous sommes en effet encore trop nombreux à croire que nous ne sommes pas ou ne serons jamais concernés. Pourtant, la santé mentale – comme la santé physique, l’écologie ou l’économie… – est un enjeu universel.

Vous en entendez parler

Aujourd’hui, – et c’est une chance – les personnes dont la santé mentale est affectée peuvent plus facilement parler de ce qu’elles vivent, des moyens de les aider. Nous croyons qu’il faut les y encourager, les écouter. Certains regards leur font parfois porter une absurde culpabilité. « Si on a une maladie où c’est le cerveau lui-même qui dysfonctionne on en est tenu pour responsable alors que c’est la même chose que si c’était un foie ou un cœur »1.

Vous pouvez aider

Le handicap invisible laisse souvent démuni : comment prendre la mesure de la gravité des symptômes, comment dépasser les suppositions sans éléments probants, comment ne pas vexer ou braquer en suggérant une consultation chez un psy, comment s’assurer que la personne va mieux, …

Cette revue espère ainsi vous éclairer sur la santé mentale, celle des personnes malades ou non, vous donner des pistes pour mieux repérer les enjeux, mieux conseiller et surtout lever les non-dits.

Si les traitements sont encore insuffisants pour parler de guérison, le rétablissement² existe et il sauve déjà des vies. Il faut y croire, c’est déjà un service à rendre. Cette revue relit une bonne part des enjeux autour de la santé mentale, des tabous et des avancées de la médecine, toujours sous les regards complémentaires de chercheurs, de patients et d’acteurs de terrain. En fin de revue, elle énonce quelques propositions pratiques pour aider notre société à avancer sereinement sur ces sujets et préserver davantage la santé mentale de tous !

1 Interview de Delphine, ancienne participante au parcours UP Emploi de UP for Humanness à propos de la bipolarité, Brut, janvier 2022.

2 Voir précision page 11.