Inspiration pour revenir à l’essentiel

par | 19 Avr 2020 | Insertion durable

Lettre du confinement n°2

Revenir à l’essentiel… une nouvelle injonction ou plutôt le constat que jour après jour cela s’impose à nous. A l’exception de nos chers et courageux soignants, ce confinement nous rend impossible de fuir, d’esquiver, de nier par un rythme effréné ce qui nous est fondamentalement nécessaire, indispensable. Comment se révèle cet essentiel ? Par un désir, une soif plus ardente de quelques personnes ou de quelques moments : les appeler, les aimer, les vivre ou les revivre à travers les souvenirs nous apporte une paix, une joie. Ce qui semble nécessité pour chaque être est la relation authentique, nourrie d’attentions et de regards qui nous rendent vivants.

Œuvrons ensemble à ce que chacun puisse recevoir ces attentions, en particulier les plus isolés d’entre nous.

Revenir à l’essentiel par l’art

Danse à la campagne de Auguste Renoir pour revenir à l'essentiel
Auguste Renoir – Danse à la campagne – 1883 – huile sur toile

Respirer par la littérature et la philosophie

Nous ne cherchons tous qu’une seule chose dans cette vie : être comblés par elle – recevoir le baiser d’une lumière sur notre cœur gris, connaître la douceur d’un amour sans déclin. Être vivant c’est être vu, entrer dans la lumière d’un regard aimant : personne n’échappe à cette loi, … (p. 13)

Nous sommes faits de cela, nous ne sommes faits que de ceux que nous aimons et de rien d’autre. Si retranchée soit notre vie, perdue dans les hauteurs brûlées de vent, elle n’est jamais si proche que dans une poignée de visages aimés, que dans cette pensée qui va vers eux, dans ce souffle d’eux à nous, de nous à eux. (p. 60)

[…] il nous faudrait éclairer chaque présence d’un amour à chaque fois unique, adressé en elle à sa solitude inconsolable et pure. Il nous faudrait apprendre à compter un par un chaque visage chaque vague et chaque ciel, en donnant à chacun la lumière qui lui revient dans cette vie obscure. (p.130-131)

Christian Bobin, L’inespérée, Gallimard, 1994


Aimons toujours ! Aimons encore !
Quand l’amour s’en va, l’espoir fuit. 
L’amour, c’est le cri de l’aurore, 
L’amour c’est l’hymne de la nuit.

Ce que le flot dit aux rivages, 
Ce que le vent dit aux vieux monts, 
Ce que l’astre dit aux nuages, 
C’est le mot ineffable : Aimons !

L’amour fait songer, vivre et croire. 
Il a pour réchauffer le cœur, 
Un rayon de plus que la gloire, 
Et ce rayon c’est le bonheur !

Aime ! qu’on les loue ou les blâme, 
Toujours les grand cœurs aimeront : 
Joins cette jeunesse de l’âme 
A la jeunesse de ton front !

Aime, afin de charmer tes heures ! 
Afin qu’on voie en tes beaux yeux
Des voluptés intérieures 
Le sourire mystérieux !

Aimons-nous toujours davantage ! 
Unissons-nous mieux chaque jour. 
Les arbres croissent en feuillage ; 
Que notre âme croisse en amour !

Soyons le miroir et l’image ! 
Soyons la fleur et le parfum ! 
Les amants, qui, seuls sous l’ombrage, 
Se sentent deux et ne sont qu’un !

Venez à nous, beautés touchantes ! 
Viens à moi, toi, mon bien, ma loi ! 
Ange ! viens à moi quand tu chantes, 
Et, quand tu pleures, viens à moi !

Nous seuls comprenons vos extases. 
Car notre esprit n’est point moqueur ; 
Car les poètes sont les vases 
Où les femmes versent leur cœurs.

Moi qui ne cherche dans ce monde 
Que la seule réalité, 
Moi qui laisse fuir comme l’onde 
Tout ce qui n’est que vanité,

Je préfère aux biens dont s’enivre 
L’orgueil du soldat ou du roi, 
L’ombre que tu fais sur mon livre 
Quand ton front se penche sur moi.

Toute ambition allumée 
Dans notre esprit, brasier subtil, 
Tombe en cendre ou vole en fumée, 
Et l’on se dit : « Qu’en reste-t-il ? »

Tout plaisir, fleur à peine éclose 
Dans notre avril sombre et terni, 
S’effeuille et meurt, lis, myrte ou rose, 
Et l’on se dit : « C’est donc fini ! »

L’amour seul reste. Ô noble femme 
Si tu veux dans ce vil séjour, 
Garder ta foi, garder ton âme, 
Garder ton Dieu, garde l’amour !

Conserve en ton cœur, sans rien craindre, 
Dusses-tu pleurer et souffrir, 
La flamme qui ne peut s’éteindre 
Et la fleur qui ne peut mourir !

Victor Hugo, Aimons toujours ! Aimons encore !,
« L’âme en fleur », XXII, Les contemplations, 1856

Revenir à l’essentiel par la musique

Brahms ~ Ein Deutsches Requiem, Op. 45 (V/VII) ~ Herbert von Karajan

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