La philosophie au service de la performance globale

par | 15 Avr 2024 | Accès à la culture pour tous

Article publié dans la revue Pour un monde plus humain de UP for Humanness en décembre 2023-mars 2024

Romain Leroy-Castillo est diplômé en philosophie, manager depuis plus de 18 ans et co-auteur du livre La raison d’agir. Il aborde avec nous ce que la philosophie peut éclairer du tumulte de l’entreprise contemporaine, ce en quoi elle peut assainir la quête de compétitivité absolue, aider à repenser le leadership, la relecture des compétences ou encore les fondements de la RSE.

Quelle place pour la philosophie en entreprise ? Une majorité des dirigeants, confrontés à la nécessité d’être compétitifs, opposeraient probablement une fin de non-recevoir à cette question. Un imaginaire d’entreprise encore répandu considère les « humanités » comme un loisir charmant mais inutile. L’affaire de contemplatifs, en quelque sorte. En entreprise, dirait-on, on n’a pas le luxe de la contemplation : on doit produire, être efficace. Dans le règne de la compétition, de la rapidité et du renouvellement permanent, il n’y aurait donc guère de place pour des considérations abstraites et inapplicables de quelques illuminés qui, décidément, ont vraiment trop de temps libre.

L’opposition entre le loisir de penser et la nécessité d’agir est ancienne. Les penseurs de l’Antiquité, grecs pour commencer, dans le concept de skolè, romains ensuite dans l’opposition des concepts d’otium (le loisir) et de negotium (l’occupation), séparaient pour les opposer le domaine des affaires, commerciales ou administratives, génératrices de tracas et dévoreuses de temps, du domaine consacré à l’étude et à la contemplation. Quinze siècles plus tard l’opposition entre l’action décisive et l’inaction indécise se trouve en quelque sorte renouvelée dans un passage du Discours de la Méthode. Descartes y propose l’exemple de voyageurs égarés dans la forêt, n’ayant d’autre ressource pour s’en sortir, que de s’engager dans une direction et s’y tenir jusqu’à son terme, car « les actions de la vie ne souffrent aucun délai ». La capacité à prendre une décision malgré l’incertitude et le manque de temps, et à mener ses équipes dans la direction choisie, requiert un courage particulier, qui est au fondement de la reconnaissance dont jouit le leader en entreprise. Un talent apparemment bien différent de celui du philosophe : temps court de l’action contre temps long de l’étude.

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